Dans une parfaite quiétude, et tout proche de la sous-préfecture de Muret, nous rencontrons Elisabeth, au sein du Dojo de l’oratoire au Vernet. Son cours de Tai-Chi Chuan vient de se terminer.
Educatrice en arts martiaux et énergétiques chinois, son parcours professionnel ne la prédestinait pas à cet emploi. Depuis maintenant plus de 10 ans, Elisabeth a deux missions avec le Groupement d’Employeurs Sports Loisirs Midi-Pyrénées, pour un volume horaire conséquent, dépassant les 10 heures hebdomadaires.
En marge de son intervention, et encore dans sa tenue traditionnelle chinoise sportive, Elisabeth joue le jeu de l’interview avec passion, bonne humeur et enthousiasme.
GESL MP : Bonjour Elisabeth, merci de nous accueillir ce vendredi matin. Nous avons eu l’occasion de suivre les 15 dernières minutes du cours de Tai-Chi Chuan, les mouvements sont lents et contrôlés, pouvez-vous nous en dire plus ?
Elisabeth : Ravi de vous recevoir. Il est vrai que cette discipline demande de la coordination et de l’équilibre. Contrairement à ce que l’on peut penser, le tai chi chuan n’est pas une pratique « molle » : lenteur, concentration et fluidité du mouvement sont quelque unes des bases favorisant l’équilibre psychocorporel et l’adaptation aux aléas du quotidien. C’est donc une discipline exigeante. En début de séance, on travaille la régulation de l’énergie, on calme son cœur et on pacifie son esprit. On travaille ensuite divers mouvements dont certains demandent une certaine aisance technique et un fort engagement physique. Comme vous l’avez constaté, en fin de séance, on est sur un temps de relaxation et de relâchement.
GESL MP : En cette rentrée de septembre, comment préparez-vous la saison qui se profile ?
E : Au sein des clubs dans lesquels j’interviens avec le GESL, au Karaté Club Cazères et ici-même au Karaté Club Le Vernet, nous mettons en place des cours d’essais gratuits. Je prends un peu plus de temps pour expliquer aux nouveaux participants la philosophie et la façon de voir le monde lorsque l’on pratique des arts martiaux et énergétiques chinois. La reprise est progressive, j’ai pour l’instant des groupes réduits mais cela va se remplir rapidement. Ce matin, j’ai animé un cours de Qi Gong puis un cours de Tai-Chi Chuan. J’ai un public varié tant en âge (de 9 à 85 ans), qu’en aptitude et, en effet, majoritairement féminin. Ces disciplines chinoises sont d’une grande richesse : elles s’adressent à tout le monde ! Actuellement, je m’occupe aussi d’expliquer le fonctionnement du club et des inscriptions, cela fait partie intégrante de mon travail en début d’année et cela se passe très bien.

GESL MP : Peut-on avoir une idée de votre parcours professionnel pour arriver à l’enseignement des arts martiaux chinois ?
E : Mon parcours professionnel est loin d’être linéaire et est étroitement lié aux différentes étapes de ma vie. Issue d’une formation de juriste, j’ai d’abord occupé le poste de conseillère juriste et fiscale au Cameroun. De retour en France, j’ai poursuivi un temps mes études à Paris avant de déménager à Toulouse où je me suis orientée vers le métier d’agent immobilier, sans réellement m’épanouir. Jeune maman d’une petite fille, je me suis alors lancée comme écrivaine. J’ai écrit, sur une période assez longue, une trilogie nommée « Le sang du pastel ». Ces romans évoquent le pastel, cette plante dont on tirait un bleu de grande qualité et qui a fait la richesse des marchands du Midi toulousain, avant que les Guerres de Religions n’en précipite la chute. C’est aussi à ce moment-là que j’ai commencé la pratique des arts martiaux et énergétiques chinois, avec un certain Jacky Ferré.
GESL MP : Qu’est-ce qui vous a alors amené à devenir éducatrice ?
E : C’est un événement malheureux qui m’a poussé à me lancer. Notre enseignant en Qi Gong et Tai-Chi Chuan, Jacky Ferré, figure reconnue par ses pairs pour son investissement et ses connaissances sur la médecine traditionnelle chinoise, nous a quitté en juillet 2011 des suites d’une maladie. Profondément affectés, le club et ses membres ont dû trouver des solutions pour continuer à animer les cours. Suite à un stage en Qi Gong et une rencontre avec Thierry Alibert, et encouragée par les professeurs chinois, l’idée de passer le cap s’est imposée. Le préalable pour enseigner bénévolement était d’obtenir le grade de ceinture noire 1er Dan puis de suivre une formation d’instructeur en arts martiaux chinois. Tout s’est emballé très vite : en 2012 j’ai réussi l’examen de la ceinture noire et celui d’instructeur. Mais pour encadrer cette activité sportive contre rémunération, je devais avoir un diplôme reconnu par le Ministère des Sports. J’ai obtenu en 2013 le CQP d’Assistant Professeur d’Arts Martiaux, mention Karaté et Disciplines Associées. C’était une période très rythmée entre les entraînements, les temps de formation, les déplacements à Paris pour passer les épreuves, etc.
GESL MP : Aujourd’hui, de quelle manière animez-vous vos cours ?
E : A la suite de mes nombreuses certifications et par mes voyages réguliers en Chine, j’ai compris qu’il y avait plusieurs façons de pratiquer et d’enseigner les arts martiaux et énergétiques chinois. Dernièrement, en 2022 exactement, j’ai clôturé un cycle d’études de médecine traditionnelle chinoise. J’y ai acquis l’esprit santé autour de la pratique de l’activité physique et sportive. Ma connaissance de l’anatomie et de la physiologie me permet d’adapter au mieux les conseils que je peux donner aux pratiquants. La respiration est par exemple un réel enjeu, tout comme la réponse à des problèmes de santé que peuvent rencontrer certaines personnes. Sur la méthodologie, j’ai l’habitude de travailler l’ensemble de mes séances en amont et de les écrire. Je m’épanouis pleinement dans ce métier et anime avec ferveur ces cours de Qi Gong et Tai-Chi Chuan.
GESL MP : Nous travaillons avec vous depuis septembre 2014. Vous sentez-vous bien au GESL ? Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
E : A la base, c’est le président du Karaté Club du Vernet qui m’a parlé de votre dispositif. Pour moi, cela me convenait puisque je n’avais pas à m’occuper de la gestion administrative, c’est le club qui vous transmet mes heures d’intervention et vous me rémunérez. C’est vrai que cela fait 10 ans que je suis avec vous, je suis amplement satisfaite de votre accompagnement, vous avez toujours répondu à mes interrogations. J’ai aussi la simplicité d’avoir un même employeur pour deux clubs ce qui facilite les choses. Pour la suite, je souhaite ralentir un peu, en tout cas en termes de formation car je me suis beaucoup impliquée dans les études ces dernières années. J’ai par ailleurs des demandes d’entreprises pour des interventions en Tai Chi et Qi Gong. Je sais que pour le moment cela n’est pas possible de passer par le GESL vu qu’il s’agit de structures marchandes, mais qui sait, peut-être que d’ici quelque temps j’en aurai l’opportunité !
Nos remerciements les plus amicaux à Elisabeth pour son temps et ses nombreux enseignements. Interview réalisée au Vernet, le 13 septembre 2024.